HITLER

© by MIZUKI Shigeru / Jitsugyô no Nihonsha

Manga Seinen édité chez Cornelius

One shot de type Gekiga

Auteur : Shigeru Mizuki (Kitaro, Nononba)

Thèmes: Guerre, société, drame, histoire

300 pages grand format avec signet, couverture cartonnée et jaquette 

Contenu:

*Introduction de l'éditeur 

*Présentation des personnages

*Le manga complet 

*Cahier de notes avec les références

© by MIZUKI Shigeru / Jitsugyô no Nihonsha

Synopsis:
Mizuki pose une question aujourd’hui encore sans réponse : qui était Hitler ? Pour résoudre cet effrayant mystère, il convoque les avatars du Führer : l’étudiant famélique, le caporal bavarois, l’agitateur politique, le chancelier du Reich, le chef de guerre. De la synthèse de ces images multiples et contradictoires naît un personnage rusé et naïf, cabotin et cruel, inquiétant et ridicule, silhouette dérisoire qui rit, sifflote, enrage, pleure et répète : « Mon empire durera mille ans. » Son expression se concentre dans ses moustaches et surtout un regard, tour à tour hypnotique comme celui de Mabuse ou mouillé comme celui d’un chien battu. Pour décor, le mangaka use de photos d’archives, qui soulignent la froide réalité de la tragédie mais aussi créent l’ambiance expressionniste et angoissante d’une Allemagne hantée, où rôde la Mort montée sur son cheval pâle.

Claire et didactique, cette biographie déroule les étapes d’une catastrophe implacable, rythmée par le bruit des bottes. Si elle reproduit parfois la légende hitlérienne, noire ou dorée, elle évite de diaboliser son sujet, qui demeure humain, trop humain. Terré dans son bunker, l’artiste frustré meurt dans l’écroulement de son oeuvre, le Reich de mille ans. Il n’est plus qu’un cadavre anonyme parmi des millions d’autres. Le charnier de l’Histoire engloutit les victimes et leurs bourreaux. Et les ruines de Berlin évoquent celles de Hiroshima ou Nagasaki. La folie de Hitler est celle d’un homme, de tous les hommes.

© by MIZUKI Shigeru / Jitsugyô no Nihonsha

L'HOMME DERRIÈRE LE MONSTRE 

Publié en 1971 au Japon, l'année juste avant Opération mort, qu'on peut considérer comme sa "suite" logique, Hitler est une biographie centrée sur l'humain qu'était Hitler, derrière ce meurtrier et génocidaire qui était il, en tant qu'homme ?  Loin de lui trouver des excuses ou une quelconque sympathie, ce titre nous décrit ses heures sombres, son désespoir, sa faim de gloire et ses autres travers, comme son narcissisme maladif, qui l'a conduit à faire rédiger des pamphlets à sa gloire, afin d' entretenir une image soigneusement médiatisée. 

  Chef d'oeuvre écrit par Shigeru Mizuki, le papa de Kitaro le repoussant, le Gekiga "Hitler", retrace non sans humour, le parcours nihiliste et macabre de ce petit homme chétif, voulant graver son nom dans l'histoire par tout les moyens possible. Lui qui a connu la rue et la misère, s'est hissé tout en haut en écrasant systématiquement, les susceptibles concurrents au pouvoir.  

Hitler avait il un vrai projet ? Non.  Avait il des idées notables? Non. 

Avait il un parcours qui le pré-destinait à la politique ? Non.

Et pourtant, Hitler a su sortir de sa situation quotidienne peu enviable, créer des émules et encenser une foule,d'abord modeste puis plus importante, buvant ses paroles peu-cohérentes et fantasques. Était il opportuniste et doué pour manipuler les ouailles ? Oui! Ce n'est pas par amour de sa patrie qu'Hitler a mis le monde à feu et à sang mais par égocentrisme, chacune de ses actions fut motivée par son "moi". La guerre et tout son flot d'horreurs sanglantes, tout ces sacrifices au nom de sa petite personne, peut être pas par plaisir, mais par besoin vital de dominer.

Se retrouver tout en haut d'une montagne de cadavres pour se sentir exister ...

Lire Hitler, c'est voir cet homme d'un autre côté en mettant de côté l'horrible massacre qu'il a perpétré et en se concentrant davantage sur sa psychologie. On n'y parle que peu de la guerre si l'on compare aux autres livres rédigés sur lui mais plutôt du journal quasi-quotidien d'un homme avec tout ce qu'il porte en lui de bon ou de mauvais. Ce n'est en aucun cas un livre d'histoire car les thèmes abordés sont à l'opposé de ce qu'on y trouve sur le sujet et pourtant on y découvre des détails qui ont eu leur importance dans gigantesque et morbide utopie. 

Pour résumer, c'est un titre marquant, qui malgré ses points d'humour est difficile et transmet des émotions lourdes. Shigeru Mizuki se dévoile plus intimement dans le One-shot suivant Opération Mort qui est purement autobiographique. Révélé tardivement, ce Mangaka a connu la guerre, la mort de ses camarades et la perte d'un bras, c'est suite à tout cela qu'il a commencé la bande dessinée.

Séverine Chougny